
Loi Duplomb : une régression historique pour l’agriculture, la santé et l’environnement
Adoptée dans la discrétion à l’Assemblée nationale, la proposition de loi Duplomb suscite une vague d’indignation. Sous prétexte de « simplification », ce texte contient des mesures aux conséquences écologiques et sanitaires majeures. Face à l’urgence climatique, à l’effondrement de la biodiversité et à la crise agricole, ce projet fait figure de régression systémique.
Actuellement, une pétition mise en ligne sur le site de l’Assemblée nationale a réussi à rassembler près de 1,5 million de signatures, un phénomène sans précédent pour ce genre d’initiative.
Une loi toxique votée sans réel débat démocratique
Le 13 juin 2025, la proposition de loi Duplomb a été adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale. Sans consultation du public, ni des scientifiques ou des associations, cette loi avance en procédure accélérée. Son contenu soulève des inquiétudes majeures chez plus de 100 ONG, syndicats agricoles et chercheurs.
Elle vise à déréguler profondément trois domaines clés : les pesticides, l’eau, et l’élevage industriel.

Que contient exactement cette proposition de Loi Duplomb ?
Officiellement, il s’agit de “lever les freins administratifs” pesant sur les agriculteurs. Une rhétorique séduisante, mais qui masque des mesures très concrètes aux effets ravageurs :
Entre simplification administrative et déréglementation environnementale
Un retour assumé des pesticides les plus dangereux
La loi pourrait réautoriser certains produits interdits en France et en Europe, dont les tristement célèbres néonicotinoïdes, responsables de la chute de 80 % des populations d’insectes volants en Europe depuis 30 ans.
Selon un rapport de l’INRAE (2023), plus de 45 000 tonnes de pesticides sont encore utilisées chaque année en France. La loi Duplomb rendrait leur autorisation plus rapide, au détriment de l’indépendance scientifique de l’ANSES.
L’extension incontrôlée des mégabassines
La loi souhaite accélérer la construction de mégabassines, ces retenues d’eau artificielles destinées à irriguer des monocultures intensives. Elles mobilisent parfois jusqu’à 650 000 m³ d’eau, prélevée dans les nappes phréatiques. Cela se fait au détriment des zones humides naturelles, qui abritent 40 % de la biodiversité mondiale selon l’UICN.
L’industrialisation de l’élevage hors-sol
En modifiant les règles de seuils ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement), la loi facilite l’agrandissement des élevages industriels sans études d’impact ni enquête publique. Ce modèle est à l’opposé d’une agriculture paysanne respectueuse de l’environnement et responsable vis-à-vis du bien-être animal.
Une attaque directe contre l’indépendance scientifique
Peu abordé dans les médias, un point choque la communauté scientifique : l’affaiblissement de l’ANSES, l’agence française de sécurité sanitaire. Le texte souhaite transférer une partie de ses compétences d’évaluation à des ministères politiques. Une manière indirecte de réduire les blocages « scientifiques » à la mise sur le marché de produits controversés.
Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
85 % des agriculteurs déclarent vouloir des pratiques plus écologiques (sondage IFOP – avril 2024).
75 % des Français estiment que les pesticides menacent leur santé (Santé Publique France, 2023).
0+
Scientifiques ont signé une tribune dénonçant un recul démocratique et sanitaire sans précédent.
Une loi contre l’avis des citoyens et des agriculteurs
Loin d’être marginales, les critiques contre la loi Duplomb sont partagées par une majorité d’acteurs du monde agricole. Un sondage réalisé en 2024 montre que 85 % des agriculteurs souhaitent une agriculture plus durable, plus autonome et moins dépendante des intrants chimiques.
De plus, plus de 1 000 médecins et chercheurs ont signé une tribune pour alerter sur les dangers de cette loi pour la santé publique.

Pourquoi ce texte arrive maintenant ?
Cette offensive législative intervient dans un contexte de pression syndicale forte et de crise agricole profonde. Certains lobbies voient dans la simplification réglementaire un levier économique à court terme. Mais ce pari est risqué. En affaiblissant les garde-fous environnementaux, on renforce les déséquilibres qui ont précisément mené à cette crise.
Ce que la Loi Duplomb menace concrètement
La santé publique
De nombreuses études (INSERM, ANSES) relient l’exposition aux pesticides à des risques accrus de cancers, de troubles neurologiques et de maladies chroniques.
La démocratie environnementale
La loi réduit la place des agences indépendantes (comme l’ANSES), et affaiblit les procédures participatives(consultation du public, études d’impact).
La souveraineté alimentaire
Plutôt que de favoriser la diversification et l’autonomie des exploitations, elle renforce un modèle ultra-dépendant aux intrants chimiques.
Ce que nous pouvons faire, individuellement et collectivement
Privilégier des circuits courts, des coopératives agricoles éthiques, filières bio, paysannes ou labellisées
Militer localement en assistant à des réunions municipales sur la gestion de l’eau ou des projets d’aménagement.
Se former et former les autres en partageant des ressources, en organisant des ateliers à l’ école, quartier ou lieu de travail.
Ce qu’on oublie souvent dans les débats nationaux, c’est que la majorité des normes environnementales agricoles sont dictées par l’Union européenne. La France ne peut pas, sans conséquences, aller frontalement contre les directives communautaires.
Bruxelles a déjà alerté sur les risques de « non-conformité » de certaines propositions contenues dans le texte. À terme, cela pourrait mener à des sanctions financières, voire à des restrictions commerciales sur les produits français exportés.
En conclusion : agir maintenant, ou subir demain
La loi Duplomb est une loi de rupture. Elle rompt avec l’ambition écologique de la France. Elle tourne le dos aux attentes citoyennes. Elle remet en cause la place de la science dans nos décisions collectives.Mais rien n’est joué. Il est encore temps de faire entendre notre voix, de soutenir les alternatives, de montrer que le progrès ne peut se faire au détriment du vivant.